L’œuvre de la semaine
Guy Gilsoul
Promenons-nous dans les bois tant que…..
Il faut avoir vu (et dégusté) la saveur surréaliste des
collages de Nathalie Amand (°1968) pour mieux se perdre dans les forêts de
montagnes que la photographe nous propose. Le regard chute plus qu’il ne
s’aventure. Pas de chemin tracé, pas d’horizon. La sérénité du marcheur et
l’émerveillement du botaniste font place aux imaginaires des bois et des
futaies. Dans ces forets de Haute Savoie dans lesquelles la photographe se perd,
les troncs sont recouverts de mousses et de lichens et les branches reliées entre
elles par des vapeurs arachnéennes, masquent le sol. Le côté fantastique élève
la voix et comme le suggérait le peintre allemand Friedrich, c’est bien l’oeil
intérieur qui se mesure ici aux pouvoirs de la rétine et de la raison.
Romantique alors Nathalie Amand ? Sans aucun doute, mais sur ce tremplin,
elle vit, l’appareil en bandoulière, ce que Max Ernst désignait comme la
vocation de l’homme : « se délivrer de sa cécité ». Le hasard
sera donc convoqué et de même le temps afin que vienne le mystère. Choisissant
des temps de pose assez long (dix secondes), Nathalie Amand, avec la complicité
d’un flux de lumière, provoque des zones d’apparition qui ne sont pas sans
évoquer les spectres et autres auras de la photographie spirite. Quand, au
contraire, le jour s’accroche et ricoche en gris gommant les contours et les
profondeurs, il crée, comme ici, un lieu indéfini dont on pourrait trouver des
équivalences dans le procédé du frottage. Notons que l’exposition donne lieu à la
publication, aux éditions de la Pierre d’Alun de « Papiers collants »
associant les collages de l’artiste et un texte de Caroline Lamarche.
Bruxelles, Le Salon d’art. 81, rue de l’Hôtel des Monnaies.
Jusqu’au 20 octobre. Du Me au Ve de 14h à 18h30, sa de 9h30 à 12h et de 14h à
18h. www.lesalondart.be